La Corée du Sud entre dans la course à l'espace et lance une nouvelle agence aérospatiale
La rencontre du président sud-coréen Yoon Suk-yeol avec le PDG de SpaceX, Elon Musk, et la publication par Yoon d'une feuille de route pour l'industrie spatiale, une semaine après la rencontre, témoignent de la volonté de la Corée du Sud de faire de ses industries aérospatiales et spatiales des leaders mondiaux. Ce faisant, le pays vise à minimiser son déséquilibre avec la Corée du Nord en matière de technologies de projectiles.
La Corée du Sud a lancé sa première fusée spatiale, le Korea Space Launch Vehicle (KSLV)-I "Naro", en 2013, avec un propulseur de premier étage développé par des ingénieurs russes. À la suite de cette expérience, les ingénieurs sud-coréens ont travaillé pour développer et lancer de manière indépendante la fusée spatiale KSLV-II "Nuri" en juin 2022. Cet exploit a fait de la Corée du Sud l'un des rares pays capables de placer eux-mêmes en orbite des satellites pratiques de plus d'une tonne. Le 5 août 2022, la Corée du Sud a lancé le Korea Pathfinder Lunar Orbiter (KPLO) "Danuri", qui devrait entrer dans l'orbite de la Lune en mars 2023. Une fois sur place, Danuri effectuera des observations lunaires.
Après les lancements réussis de Naro, Nuri et Danuri, l'industrie spatiale sud-coréenne a officiellement demandé au gouvernement national de créer une agence aérospatiale nationale pour lancer une nouvelle ère spatiale et superviser les projets spatiaux nationaux. Conformément à sa promesse de développer les programmes spatiaux lors de sa campagne présidentielle en février, M. Yoon a rencontré virtuellement Elon Musk, PDG de Tesla et SpaceX, le 23 novembre. Il aurait proposé à M. Musk un satellite ainsi qu'une coopération en matière d'Internet avec SpaceX et le fournisseur d'Internet par satellite Starlink. Le 28 novembre, Yoon a publié une feuille de route pour l'industrie spatiale et a annoncé que le gouvernement sud-coréen créerait l'Agence aérospatiale coréenne (KAA) d'ici la seconde moitié de 2023.
La Corée du Sud a commencé à s'intéresser sérieusement au développement de lanceurs spatiaux à la fin des années 1990, en réponse aux tentatives de la Corée du Nord de lancer des fusées et des satellites. Depuis lors, la Corée du Nord a commencé à développer la technologie des projectiles sous le prétexte de lancer des satellites, mais, en réalité, elle a appliqué cette technologie au développement de missiles balistiques. Les provocations continues de la Corée du Nord en matière de missiles, notamment l'augmentation spectaculaire des lancements en 2022, ont contribué à éveiller les aspirations de la Corée du Sud à exceller dans l'industrie spatiale.
L'industrie aérospatiale sud-coréenne connaît une croissance constante depuis 2013 et pourrait atteindre une valeur allant jusqu'à 8,4 milliards de dollars US (12 000 milliards de wons) d'ici la fin de 2022. En plus de promouvoir la sécurité contre le Nord, la Corée du Sud cherche à utiliser l'industrie spatiale comme un nouveau moteur pour le développement économique national. La KAA devrait contribuer à renforcer la coopération entre le secteur public et le secteur privé et à soutenir les projets internationaux entre les entreprises spatiales privées et la NASA afin de développer et de faire progresser l'industrie aérospatiale sud-coréenne.
Le progrès des technologies spatiales sud-coréennes devrait être une aubaine pour de nombreuses industries connexes, notamment l'industrie de la défense, et permettre de créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour les générations futures en Corée du Sud. Les nouvelles technologies spatiales pourraient également faire briller une lueur d'espoir, en contrant des phénomènes plus sombres comme le changement climatique, la pénurie d'énergie et la pollution environnementale (les technologies spatiales étant largement utilisées pour surveiller le climat de la Terre), ainsi que des problèmes environnementaux comme la déforestation, et pourraient être utilisées pour étudier les ressources souterraines.
Prochaines étapes spatiales pour la Corée du Sud
Programmes d'exploration lunaire et martienne
Depuis 2021, la Corée du Sud participe au programme Artemis, un projet d'exploration lunaire habitée dirigé par la NASA, et mène également des recherches conjointes avec d'autres pays participant à Artemis, dont le Canada. Dans le cadre de ces recherches conjointes, Danuri devrait fournir des informations sur le point d'atterrissage de la prochaine sonde lunaire Artemis. La Corée du Sud a également ses propres plans pour faire atterrir une sonde lunaire sur la Lune d'ici 2032 et explorer Mars d'ici 2045.
Un catalyseur pour un développement régional équilibré
L'industrie spatiale sud-coréenne est centrée sur la côte sud, notamment à Sacheon, dans la province du Gyeongsang du Sud, et à Goheung, dans la province du Jeolla du Sud. Si la KAA s'établit à Sacheon comme prévu, l'industrie spatiale naissante pourrait contribuer à équilibrer le développement régional de la Corée du Sud.
Inquiétude croissante quant au statut de la KAA
Certains experts de l'aérospatiale demandent que la KAA soit établie en tant qu'agence présidentielle pour gérer efficacement les affaires interministérielles, plutôt que de relever du ministère des Sciences et des TIC.