Pas de conférence de presse de fin d'année pour Poutine, alors que la guerre en Ukraine s'essouffle

Vladimir Poutine s'exprime lors de la conférence de presse annuelle à Moscou l'année dernière. Ce ne sera pas le cas en 2022.
Le Kremlin déclare que l'événement traditionnel n'aura pas lieu, signe que le dirigeant s'éloigne de plus en plus.
Pour la première fois depuis au moins dix ans, Vladimir Poutine ne tiendra pas de conférence de presse de fin d'année, ce que les observateurs du Kremlin considèrent comme une rupture du protocole en raison de la guerre en Ukraine.
Les conférences de presse marathon sont traditionnellement l'occasion pour le président russe de redorer son image, un spectacle campagnard qui permet à Poutine de jouer les populistes à la télévision nationale chaque année en décembre.
Lundi, le Kremlin a annoncé qu'il ne tiendrait pas de conférence de presse cette année. Il n'y aura pas non plus de réception du nouvel an au Kremlin, ont indiqué des responsables, une décision peut-être influencée par la réticence à faire la fête parce que la guerre de la Russie en Ukraine ne s'est pas déroulée comme prévu.
Les années précédentes, M. Poutine a consacré une grande partie de l'événement à répondre aux questions des journalistes locaux en adoration, dont certains étaient déguisés, tout en repoussant les questions gênantes des médias étrangers, permettant ainsi à son administration de se vanter de sa transparence.
Poutine est devenu beaucoup plus distant depuis le début de la pandémie de coronavirus et maintenant la guerre destructrice contre l'Ukraine, qui a conduit le Kremlin à l'isolement international et à une répression quasi totale des voix dissidentes dans le pays.
Poutine a disparu du public pendant plusieurs jours, ce qui a parfois donné lieu à des plaisanteries selon lesquelles le dirigeant russe se cacherait dans un "bunker". Et son administration est confrontée à des questions difficiles concernant sa stratégie de guerre, les retraites militaires, la mobilisation de masse et les mauvais traitements dont seraient victimes les recrues russes, tant sur le front qu'à l'entraînement.
Tatiana Stanovaya, fondatrice du cabinet d'analyse politique R.Politik, a écrit que Poutine était susceptible de considérer l'événement comme une perte de temps cette année.
"Je ne pense pas que Poutine n'ait rien à dire, d'autant qu'il en a dit tellement ces derniers temps", a-t-elle déclaré. "Il est plus probable qu'il soit psychologiquement peu disposé à s'expliquer, à répondre à des questions ennuyeuses et routinières, à perdre du temps en préparatifs, à jouer le rôle du bon père de famille, etc."
"Pour le public étranger, il peut dire tout ce qu'il juge nécessaire, il trouvera une occasion", a-t-elle poursuivi. "Quant au public national, il n'en voit pas l'intérêt. Qu'il laisse ses subordonnés s'en occuper."
Source : The Guardian