Le Canada considère la Chine comme une puissance mondiale perturbatrice

Le Canada considère la Chine comme un acteur perturbateur mondial


Mélanie Joly ministre des Affaires étrangères du Canada

Les remarques de la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, au début du mois, sur la menace que représente la Chine ont suscité une vive réaction de l'ambassade de Chine.


Ottawa dévoile les révisions apportées à sa politique étrangère pour tenir compte de l'affirmation de la Chine en matière d'intérêts économiques et de sécurité, et de son traitement coercitif des autres nations.

Dimanche, le Canada a qualifié la Chine de force mondiale "perturbatrice" qui doit être contenue. Il s'agit de la dernière salve en date contre Pékin, alors qu'Ottawa adopte une approche moins amicale à l'égard du pays après une bataille très serrée entre les États-Unis et la Chine au sujet des télécommunications.

Ce commentaire est intervenu alors que le Canada dévoilait un cadre politique révisé pour traiter avec la région Asie-Pacifique, avec un accent particulier sur la Chine. Le Canada affirme que la nouvelle politique est une réponse à la poursuite assertive par la Chine de ses intérêts économiques et de sécurité, ainsi qu'à ses activités d'ingérence étrangère dans des pays comme le Canada, et à ce qu'il appelle le "traitement coercitif" de la Chine envers d'autres nations.

Le Canada et la Chine s'échangent des piques depuis 2018, lorsque le Canada a arrêté un haut dirigeant de la société chinoise Huawei Technologies Co. au nom des États-Unis, un événement suivi de l'emprisonnement de deux Canadiens - Michael Kovrig et Michael Spavor - en Chine.

Il s'agit d'une "réorientation de notre politique étrangère que nous n'avons pas vue depuis longtemps, parce qu'il y a un changement mondial générationnel qui se produit", a déclaré Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada, lors d'un événement à Vancouver, en Colombie-Britannique.

Les représentants de l'ambassade de Chine à Ottawa n'ont pas répondu à une demande de commentaire. Plus tôt ce mois-ci, l'ambassade de Chine a critiqué Mme Joly pour ses remarques concernant la menace posée par la Chine, affirmant que ses commentaires "déformaient la vérité" et "constituaient une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Chine".

Ce mois-ci, le dirigeant chinois Xi Jinping a été filmé sur vidéo en train de réprimander le Premier ministre canadien Justin Trudeau après que M. Xi ait exprimé son mécontentement quant au fait que le contenu d'une conversation que les deux hommes ont eue pendant le sommet des dirigeants du Groupe des 20 en Indonésie ait été rapporté dans les médias canadiens.

Parmi les sujets abordés par les deux dirigeants, les responsables canadiens ont indiqué que les allégations selon lesquelles Pékin aurait orchestré des activités d'ingérence sur le sol canadien.

"Nous savons depuis de nombreuses années qu'il y a des engagements constants de représentants du gouvernement chinois dans les communautés canadiennes et avec les médias locaux, ainsi que des rapports sur des postes de police chinois illicites" opérant dans le pays, a déclaré M. Trudeau aux législateurs la semaine dernière. "Ce sont toutes des choses qui continuent de nous préoccuper".

MM. Kovrig et Spavor ont été libérés l'an dernier après près de trois ans de détention en Chine. Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei détenue par des agents canadiens, a également été libérée l'an dernier de sa détention au Canada. Depuis 2018, M. Trudeau a subi des pressions de la part de ses rivaux politiques, d'anciens diplomates et de certains analystes de politique étrangère pour durcir son approche de la Chine. Un sondage réalisé par l'institut de sondage Nanos Research, et publié ce mois-ci, a suggéré que plus de 80 % des Canadiens avaient une opinion négative de la Chine.

Dans un communiqué, l'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Cohen, a déclaré qu'il accueillait favorablement la nouvelle stratégie d'Ottawa pour l'Asie et qu'il se réjouissait de travailler avec les responsables canadiens "pour faire avancer les priorités communes de nos pays" dans la région.

Lorsqu'il est entré en fonction, M. Trudeau a promis d'améliorer le dialogue avec Pékin. Le Canada et la Chine ont par la suite convenu d'entamer des pourparlers exploratoires sur un éventuel accord de libre-échange, M. Trudeau affirmant à l'époque qu'il existait "un énorme potentiel inexploité" dans les relations commerciales entre les deux pays. Les efforts visant à renforcer les liens commerciaux formels sont depuis lors au point mort.

Selon un document publié dimanche expliquant la politique révisée du Canada à l'égard de l'Asie-Pacifique, la Chine "est une puissance mondiale de plus en plus perturbatrice", qui a bénéficié d'un ordre international fondé sur des règles "mais qui cherche maintenant activement à réinterpréter ces règles pour en tirer un plus grand avantage".

Le Canada a déclaré que son approche révisée était désormais conforme à celle de ses alliés dans la région Asie-Pacifique et ailleurs, notamment les États-Unis. Le Canada s'est également engagé à accroître sa présence militaire dans la région, notamment en participant à des exercices navals, et à modifier ses règles en matière d'investissement étranger afin de tenir compte des entreprises d'État, comme celles de la Chine. Le Canada a récemment ordonné le désinvestissement de fonds chinois dans trois sociétés minières nationales pour des raisons de sécurité nationale.

Source : The Wall Street Journal